Dans le cadre du 80ème anniversaire des bombardements de 1944 à Rouen, une cérémonie a été organisée le samedi 1er juin 2024 en hommage aux sapeurs-pompiers de Paris et de Seine-maritime ainsi qu’aux membres de La Défense Passive décédés en Juin 1944 lors de ces événements.
Un dépôt de gerbe s’est déroulé place du lieutenant Aubert à Rouen auquel la musique de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris et un détachement de la 6ème Cie ont participé.
80ème anniversaire des bombardements de Rouen
En juin 1944, répondant à l’appel au secours lancé par le préfet de Seine-Inférieure, le régiment de sapeurs-pompiers de Paris dépêche quatre détachements successifs à Rouen. Six sapeurs-pompiers ne reviendront pas.
Le 1er juin 2024 a eu lieu à Rouen (Seine-Maritime), une matinée d’hommages aux sapeurs-pompiers et aux membres de la Défense passive tombés durant la « semaine rouge ». C’est le nom historique donné à la période desbombardements destructeurs sur l’agglomération rouennaise, du 30 mai au 6 juin 1944. Organisée par le colonel (ER) Joël Laboulais, président de l’association des anciens sapeurs-pompiers de Paris de la Seine-Maritime et de l’Eure, cette matinée rendait les honneurs à toutes les victimes durant cette terrible période de l’histoire de la ville de Rouen.
Outre la présence du général de division Joseph Dupré la Tour, commandant la Brigade, un important détachement de la BSPP avait fait le déplacement pour l’occasion : le drapeau de la BSPP et sa garde, une section en armes du deuxième groupement d’incendie placée sous les ordres du lieutenant-colonel Guillaume Angeneau, un détachement du troisième groupement d’incendie placé sous les ordres du capitaine Bilel Missaoui, commandant d’unité de la 6èmecompagnie d’incendie et de secours, ainsi que la musique de la BSPP. Le directeur du SDIS de Seine-Maritime, le colonel hors classe Stéphane Gouezec, était présent, ainsi que la garde au drapeau du Corps départemental de Seine-Maritime. Sous le commandement du lieutenant-colonel Éric Tirelle,commandant le groupement Sud du SDIS 76, un important détachement de sapeurs-pompiers était également présent. Le SDIS 60 était lui aussi représenté par son drapeau et sa garde, rendant ainsi hommage à un sapeur-pompier de l’Oise également décédé à Rouen en juin 1944.
Les cérémonies ont eu lieu en présence de Monsieur Jean-Benoît Albertini, préfet de la région Normandie et préfet de Seine-Maritime, Monsieur Bertrand Bellanger, président du département de la Seine-Maritime, de Monsieur Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen et président de la Métropole Rouen Normandie, de Monsieur Pascal Martin, Sénateur de Seine-Maritime, du général commandant la BSPP cité plus haut et du capitaine (ER) Thierry Guilmin, président du Groupement national des anciens sapeurs-pompiers de Paris(GNASPP).
Un premier dépôt de gerbes a eu lieu devant le 82 rue de Lessard, sous la plaque rendant hommage au sergent Marcel Jouis, sapeur-pompier de Rouen, et au sapeur Lucien Juguet, sapeur-pompier de Petit-Quevilly, décédés à cet endroit. Un second dépôt de gerbes a eu lieu sur la place du lieutenant Aubert, en hommage au lieutenant Roger Aubert, sapeur-pompier de Rouen et ancien sapeur-pompier de Paris, fusillé par les soldats allemands.
Rythmé par la musique de la Brigade, le défilé est parti de la place Barthélémypour rejoindre la rue du Docteur Rambert puis la place du Théâtre des Arts. Une fois devant la plaque du souvenir, les participants à la prise d’armes se sont mis en place avec les engins d’époque du musée des sapeurs-pompiers de Montvilleen fond de tableau. La lecture, en préambule du témoignage plein d’émotion, de Monsieur René Hanin, survivant de cette époque et décédé l’année dernière, a permis de comprendre le pourquoi de cette cérémonie : « 450 sapeurs-pompiers de Paris étaient sur place. Le mercredi 31 mai, le Théâtre des Arts s’effondre, je me suis alors réfugié le long de la Seine, mes 6 autres camarades étaient de l’autre côté de la rue. C’est alors qu’une bombe tombe le long de l’avenue, soufflant l’un des murs qui s’effondre et ensevelit mes 6 camarades, écrasés sous mes yeux. Étant le seul rescapé, je n’ai jamais pu oublier cette tragédie ».
Suite à cette évocation très poignante, le déroulement du cérémonial militairequi a suivi a donné beaucoup de solennité et de recueillement aux diverses phases de cette cérémonie, avec notamment les honneurs au drapeau de la BSPP, l’arrivée des autorités et la revue des troupes par le général commandant la BSPP. C’est après un hommage appuyé rendu à toutes les victimes de cette semaine rouge par Monsieur le préfet de Seine-Maritime et par Monsieur le maire de Rouen, que les autorités ont procédé aux dépôts de gerbes accompagnées par les Jeunes Sapeurs-Pompiers du SDIS de Seine-Maritime. Puis ce fût une grande émotion qui a envahi la place du Théâtre des Arts à la lecture des noms des 41 membres de la Défense passive morts pour la France,des 7 sapeurs-pompiers de Seine-Maritime et de l’Oise morts au feu et des 6 sapeurs-pompiers du Régiment morts au feu : le caporal-chef Henri Jean, les sapeurs André Carré, Georges Lafons, René Cerisier et Jean Séguy. Le sapeur Roger Cornet, grièvement blessé lors du même effondrement, mourra un peu plus tard, le 13 juin 1944.
Durant cette période, le Régiment fournira au total quatre détachements successifs au profit de la ville de Rouen. Le 31 mai 1944, un premier détachement quitte Paris sous les ordres du capitaine Lucien Sarniguet. Rouen est une fournaise et la fumée recouvre la ville. Le détachement parisien reçoit pour mission de combattre les incendies de la rive droite, tout autour de la Cathédrale. De nombreuses victimes y sont encore ensevelies sous les décombres. Les rues étroites sont impraticables pour les véhicules. Les flammes, la fumée, les cris, les gravats, les canalisations percées et les fuites diverses, les risques d’éboulements, constituent l’ambiance des scènes tragiques. Sur le trajet du retour vers Paris, le 6 juin, le convoi est mitraillé à hauteur de la commune de Ménesqueville, dans l’Eure. Le lieutenant Charles About et le sapeur Maurice Dutac sont blessés par balles.
Le 2 juin 1944, un troisième détachement quitte la capitale en direction de Rouen, sous les ordres du chef de bataillon André Randon. A bord d’un des véhicules, se trouve le lieutenant Georges Rossigneux. Ce dernier, qui commande la section du bataillon sud, à l’avantage de bien connaître cette ville de Rouen, puisqu’il y a fait ses études quelques années plus tôt. Le secteur qu’il va prendre en charge lui est donc familier. Cet officier aura à combattre deux feux d’immeubles, rue de la Vicomté (six grosses lances et quatre petites), ainsi que plusieurs gros foyers dans la rue Jeanne d’Arc, dont celui de la Société générale (huit petites lances). Le temps de se mettre à l’abri lors des alertes aériennes, et la lutte reprend de plus belle. Les incendies se rallument dans la rue Jeanne d’Arc et la rue des Cordeliers. Le lieutenant prend la première à sa charge et confie la seconde aux pompiers de Bolbec. Une relève sera envoyée sur place par le Régiment le 4 juin, ce quatrième détachement parisien sera placé sous les ordres du capitaine Alfred Jacquemin.
A l’issue des cérémonies, au pas cadencé par la musique de la Brigade,l’ensemble du dispositif, les gardes aux drapeaux, le drapeau du GNASPP et la vingtaine de drapeaux des différentes amicales des anciens sapeurs-pompiers de Paris, les différents détachements de sapeurs-pompiers et les anciens ont pris la direction de l’Hôtel du département pour le verre de l’amitié.