ÉLOGE FUNÈBRE DU MAJOR ALAIN MILLE

ÉGLISE SAINT CYR SAINT JULIETTE

VILLEJUIF

JEUDI 18 DÉCEMBRE 2025

Parler de celui qui s’en est allé, c’est se souvenir d’un compagnon, d’un père, d’un tonton, d’un copain, d’un camarade, d’un ami, d’un frère d’arme ou de cœur, tout simplement d’un homme véritable…

Alain était tout cela à la fois, un être exceptionnel, fidèle à ses engagements de jeunesse, respectueux des traditions et d’un dévouement toujours tourné vers les autres, un homme de devoir, par l’esprit et le cœur, un amoureux de la vie et de ce qui lui donne un sens.

Le chti pouvait être fier de son parcours de vie d’adulte, au régiment puis à la brigade de sapeurs-pompiers de Paris qu’il a servi du 8 janvier 1964 au 9 novembre 1995, à la 6, la 22, la 8, au casernement du G2. 31 ans et 11 mois de dévouement en tenue de service, celle qu’il vient de revêtir pour son dernier voyage vers le paradis des sapeurs-pompiers comme me l’a dit Annie vendredi dernier pour m’annoncer l’infiniment triste nouvelle.

Comme tant de nos grands anciens, il avait su créer et entretenir des liens indéfectibles avec ses chefs ou ses subordonnés et il aimait chaque année participer aux rassemblements qui pérennisaient les valeurs qui constituent la richesse du corps des sapeurs-pompiers de Paris.

Il était de ceux qui avaient choisi d’aller vers les autres, vers l’amitié féconde qui cimente les relations et solidifie notre socle de valeurs et de vertus. C’était un homme en route vers l’homme… Comme beaucoup d’entre nous, il avait compris que l’idéal de la vie n’est pas de devenir parfait mais de devenir meilleur.

Que la véritable fraternité ne consiste pas seulement à donner ce que l’on a, mais à offrir ce que l’on est. En cela, il n’était pas seulement un ami, il était une présence, une évidence. Avec lui, on pouvait être soi, sans masque, sans peur. Il voyait nos failles sans jamais les juger.Il offrait son amitié comme on offre un refuge, un asile de paix.

Milos, c’est le surnom que je lui avais donné, était quelqu’un de bien, exemple d’ardeur, de droiture et de fidélité, mêlées à la modestie, la justesse de jugement et la bienveillance, toujours prêt à conseiller, écouter, sans jamais forcer sa nature. Respectant le code d’honneur de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris, il était d’un dévouement, d’une discrétion et d’une disponibilité sans faille. Milos aimait la vie, il était la vie, simple et tranquille…

Et voici quelques mois, la maladie, soudaine et brutale, sournoise et rampante l’a assailli et peu à peu, malgré son courage, sa détermination à lutter, elle a inexorablement fait son œuvre et son étoile s’est envolée. Avec beaucoup de dignité et sans faire de bruit, il vient de nous quitter pour un ailleurs et l’éternité… Pourtant :

La mort n’a pas vaincu ce que l’âme a forgé,
Car l’amour véritable ne peut être enterré.
Un frère de cœur ne meurt, il change seulement,
Et il veille en silence, infiniment présent.

Avant de conclure, il me revient de dire qu’à travers les nombreux témoignages qui me sont parvenus depuis son décès, il en est un qui m’a bouleversé. C’est celui de son chef de corps au 2° groupement d’incendie, le général de brigade (2°S) Guy CHEVALIER qui ne peut être à ses côtés pour l’accompagner à sa dernière demeure mais qui m’a chargé de lui dire que plus qu’un frère d’armes, il le considérait avant tout comme son frère, dans le vrai sens du terme.

Sache donc mon frère, que chaque jour, Guy contemple l’œuvre magistrale que tu lui avais offert en quittant son commandement avec les gars du casernement G2. Des bois magnifiquement travaillés,ciselés et emboités entourent les fanions des différentes compagnies du groupement qu’il a commandé. Il m’a chargé de te remercier de ce sublime présent et de te dire que tu resteras à jamais gravé dans son cœur.

Quant à moi, je sais que j’ai eu grande chance de te connaître depuis presque 50 années. 

Tu m’as énormément apporté par ta gentillesse, tes conseils avisés, ta force et ton courage, ta sérénité devant les épreuves à traverser. 

C’est toi qui m’as guidé dans mes premiers pas de piaf à la 22 en 1976 et m’a secondé en tant qu’adjudant de compagnie lorsque je commandais la 8. 

C’est toi qui m’as accompagné depuis plus d’un quart de siècle à laFNASPP, à l’amicale Seine Sud, au comité d’entente des anciens combattants de Thiais, à l’ADASPP 94, qui donnait un coup de main au GNASPP, à la Mutuelle de la BSPP comme délégué, qui fût un conseiller municipal délégué particulièrement apprécié par tes concitoyens de Villejuif, toujours prêt pour continuer à servir, en toute humilité.

Cette humilité résonnait pure, comme une évidence, car en effet,

L’homme humble avance d’un pas lent, sans élever la voix,
Il connaît ses limites, ne s’en offense pas.
Il ne cherche ni l’or, ni les regards flatteurs,
Mais cultive en silence un jardin intérieur.

Loin du bruit des honneurs, il grandit chaque jour,
Et trouve sa richesse en un simple détour.
Car cette humilité vraie, discrète, sincère,
Élève plus sûrement que les marches de pierre.

C’est ainsi que tu es toujours resté, uni humblement aux autres, comme au feu et c’est pour cela, pour tout ce désir de servir que nous te sommes infiniment reconnaissant.

Toujours servir, non par devoir contraint,
Mais par un vaste élan, fidélité du cœur.
Avec ces mains offertes sans en attendre rien,
Que cette force douce qui mène au bonheur.

Pour ma part, je suis fier que la providence, dont on dit qu’elle fait bien les choses, m’ait permis de t’avoir connu pendant si longtemps.

A toi Annie, fidèle compagne des vingt dernières années auprès de qui il avait trouvé le bonheur tranquille et la sérénité, à vous ses proches, sa famille de chair et de cœur, à vous ses camarades et amis ici rassemblés, j’apporte le salut attristé et la douloureuse sympathie des anciens sapeurs-pompiers de Paris pour qui il restera un exemple de probité, de courage, d’activité, de dignité et de dévouement et dans le souvenir de qui, nous le savons tous, son image ne s’effacera pas de sitôt.

Cher Milos, te voilà à présent sur la grande route vers un autre ailleurs, toi notre frère dans la grande famille des sapeurs-pompiers de Paris. Certes ton départ nous laisse tous désemparés et pleins d’une grande tristesse mais comme Victor Hugo dans son poème à Villequier, 

Je dis que le tombeau qui sur les morts se ferme,

Ouvre le firmament,

Et que ce qu’ici-bas nous prenons pour le terme,

Est le commencement…

Non la mort n’est pas une fin mais un simple passage. Ton absence n’est pas qu’un vide, elle est Amour, celui que l’on offre en partage, à l’heure du grand retour et du dernier voyage comme le dit si bien Jacques Brel. Ici et maintenant, pour toi ce voyage a commencé.Bonne route mon bien aimé frère de cœur…

LE BOT Christian

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